La médecine traditionnelle chinoise
Une médecine holistique
La médecine traditionnelle chinoise ou MTC est pratiquée depuis plus de 4000 ans. Pour en apprécier pleinement la richesse, il est important de la considérer comme le fruit d’une autre civilisation, avec son système philosophique et symbolique propre, plutôt qu’à travers les lentilles critiques de la science occidentale. Cette médecine considère l’être humain dans son ensemble : le corps et l’esprit ne sont pas séparés mais forme plutôt un tout indissociable. C’est ce qu’on appelle une médecine holistique. N’est-il pas intéressant de constater que la médecine d’ici accorde une place grandissante au rôle des émotions dans le développement de certaines maladies? Ce lien entre les aspects physiques et psychologiques de l’individu est l’un des fondements de la MTC.
Un autre aspect important de la MTC est le caractère unique de chaque individu qui vient au monde avec une constitution particulière, des forces et des faiblesses, sorte de patrimoine génétique que les Chinois désignent comme le Ciel antérieur. Au plan de la santé, cette idée explique pourquoi certaines personnes sont sensibles aux rhumes en hiver alors que d’autres auront davantage tendance à être abonnées aux maux de tête. Dans cette logique, la maladie survient quand une personne a perdu sa capacité à s’adapter aux agressions qui elles, sont toujours présentes avec plus ou moins d’intensité. La poussière dans l’air illustre bien cette idée : elles entraîneront des éternuements à répétition chez l’un alors qu’un autre n’y développera aucune réaction. La santé, c’est cette précieuse victoire de l’énergie correcte contre l’énergie perverse
La MTC se fonde par ailleurs sur la théorie du yin et du yang, concept à la fois philosophique et biologique selon lequel la nature et tout ce qu’elle comprend est régie par deux forces opposées et complémentaires. De nombreuses réalités qui nous entourent peuvent être englobées par cette notion : jour-nuit, froid-chaleur, éveil-sommeil, sécheresse-humidité, noirceur-lumière, espace-temps… À cet effet, il est fascinant de constater que de nombreuses branches du savoir incluent cette dualité : le positif et le négatif en physique (électricité, magnétisme), les mathématiques binaires en informatique, les électrolytes positifs et négatifs en chimie le système nerveux sympathique et parasympatique en médecine… Appliqué au cadre médical, ces oppositions caractériseront les maladies : centrifuge-centripète, dilatation-contraction, haut-bas, feu-eau… Les relations entre le yin et le yang sont très dynamiques : quand l’un croît l’autre décroît à la manière de la lumière sur un cycle de 24 heures. De la même manière, si l’un en vient à manquer, l’autre prendra le dessus. Au niveau médical, cela se traduira par le développement de symptômes aux caractéristiques propres. Pour donner un exemple simple, un individu qui manque de yin pourra développer des symptômes de type yang : constipation, bouffées de chaleur, nervosité, soif, peau sèche, mouvements rapides… Ici, c’est une certaine chaleur qui a pris le dessus. En thérapeutique, il conviendra alors de calmer son yang et de nourrir son yin pour rétablir l’équilibre dynamique entre ces deux forces.
S’ajoute à ce concept binaire la théorie des 5 éléments : le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau. À chacun de ces éléments sont associées différentes caractéristiques (saisons, aliments, qualités, morphotypes, tempéraments, mouvements, organes…). Ces mouvements cohabitent et sont régis par des dynamiques d’engendrement et de contrôle. Là encore, l’équilibre est fondamental car l’excès d’un de ces mouvements se fera aux dépens d’un autre. Par exemple, un mouvement eau en excès aura tendance à éteindre celui du feu. Ce langage imagé trouve des résonnances dans tous les phénomènes physiologiques et pathologiques en cours dans le corps humain. C’est là tout son intérêt.
Combinées, ces deux grilles d’analyse (yin/yang, 5 éléments) constituent donc un outil fort pratique car ils permettent de résumer tous les phénomènes et déséquilibres susceptibles de survenir dans la nature et dans les organismes vivants. C’est sur cette base que se fonde le thérapeute, notamment l’acupuncteur qui réfléchira à travers ces paramètres pour identifier la nature du déséquilibre en cause dans la maladie de son patient et pour élaborer la combinaison de points appropriée
Outre l’acupuncture, la médecine traditionnelle chinoise englobe aussi la pharmacopée ou herboristerie (qui prescrit des produits naturels végétaux, minéraux ou animaux selon l’état général du patient plutôt que selon ses symptômes), la diététique (qui insiste sur la saveur et la nature des aliments), le Tuina (techniques de massage) et le QiCong (combinaison de mouvements et de techniques respiratoires visant à favoriser la circulation et l’équilibre énergétique). Pour être considéré docteur en médecine chinoise, il faut être formé dans chacune de ces 5 disciplines.