Où l’acupuncteur met-il ses aiguilles?

L’acupuncture ne traite pas les symptômes ou les parties du corps isolément. Elle encourage plutôt une vision globale de la personne et considère le corps, les émotions et l’esprit dans leur relation avec leur environnement. La première rencontre est l’occasion pour l’acupuncteur de dresser le bilan énergétique du patient et de cerner les méridiens en déséquilibre.  Au nombre de 16, ces méridiens ratissent toutes les régions du corps, en surface (là où l’on retrouve les points d’acupuncture) ainsi qu’en profondeur (où ils desservent les différents organes dont ils portent le nom). Ce réseau de méridiens est à distinguer des systèmes sanguins, nerveux ou encore lymphatique avec lesquels nous sommes plus familiers mais n’y sont pas complètement étrangers. En effet, en comparant les cartographies de ces derniers avec celle des méridiens, on peut constater certaines correspondances. Par exemple, le trajet du méridien du cœur suit celui qui sera ressenti lors d’une crise d’angine. De plus, 50% des points d’acupuncture sont situés à l’endroit précis où un nerf pénètre dans un muscle, ce que l’on désigne en physiologie comme un point-moteur. Même une personne novice pourra être fascinée de constater qu’elle est capable de percevoir une petite dépression à la surface de sa peau, là où se trouvent les points d’acupuncture. S’il y a une dépression, c’est précisément parce que les points sont situés au-dessus d’espaces vacants, entre les structures anatomiques. Ces espaces, on les appelle plans de clivage. Des images prises par tomodensitométrie ont confirmé ce que les Chinois savaient depuis longtemps, à savoir que les points d’acupuncture sont situés à des endroits du corps où l’anatomie est bien particulière. Il n’est pas rare par exemple que l’on constate que le point est entouré d’une concentration de petits vaisseaux sanguins microscopiques.

Qu’est-ce que le Qi?

Mais en insérant ses aiguilles à ces endroits précis, l’acupuncteur ne cherche donc pas à atteindre un muscle, une veine, une artère ou un nerf… Ce qu’il cherche plutôt à faire, c’est accéder à cette substance précieuse qui circule dans les méridiens : le Qi, terme que l’on a l’habitude de traduire par énergie vitale. Pour la médecine chinoise, la maladie est le résultat d’un déséquilibre dans la circulation de cette énergie qui peut en venir à stagner ou encore à manquer. Plusieurs facteurs sont identifiés comme pouvant perturber ce précieux équilibre énergétique, notamment l’alimentation, le climat, les accidents ou encore les émotions. Par son travail, l’acupuncteur cherchera à rétablir l’équilibre énergétique pour redonner à l’organisme sa capacité à se guérir par lui-même.

Alors que certains acceptent d’emblée cette idée d’énergie, d’autres, au mode de pensée plus cartésien, trouveront ce concept flou et possiblement rébarbatif. Il est vrai que le terme « énergie » a été quelque peu galvaudé en Occident, en étant utilisé à bien des sauces plus ou moins ésotériques. En ce sens, il peut être pertinent de souligner que des appareils de détection munis de simples électrodes permettent de constater que les points d’acupuncture possèdent une charge électrique bien particulière. Ils offrent en fait une résistance électrique moindre. Cette énergie vitale, bien qu’intangible et invisible, aurait donc quelque chose à voir avec l’énergie électrique. Pas étonnant dans la mesure où ce réseau de circuits que sont les méridiens est baigné par l’eau, principale constituant du corps qui y prend la forme de liquide interstitiel gorgé d’électrolytes positifs et négatifs. Le Qi c’est donc ce souffle originel à la base de toute chose, cette force motrice qui fait circuler les électrons dans un atome, qui permet aux cellules de se nourrir et de se reproduire et à l’être humain de se mouvoir et de penser.

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